Les laïcs dans l’Église

« Le Peuple de Dieu tout entier est apostolique, c’est-à-dire qu’il participe et actualise la mission du Christ, notre Seigneur et notre Sauveur. »

Quel est le rôle des laïcs dans l’Église? Le 16 janvier dernier, le pape François affirmait aux évêques chiliens : « Les laïcs ne sont pas vos ouvriers, ni vos employés. »

En remontant dans le passé, bien avant le Concile Vatican II, dans les années trente, l’abbé Henri Caffarel fonde, en France, avec quelques couples, les Équipes Notre-Dame. À propos de leurs questionnements, il leur disait : Cherchons ensemble! En 1946, Père Eusèbe-Henri Ménard, o.f.m., fonde à Montréal, l’Oeuvre des Saints-Apôtres en partenariat avec un laïc, un homme d’affaires, Monsieur Hector Durand. Il est considéré comme cofondateur de cette Oeuvre. On pourrait certainement ajouter d’autres exemples de collaboration effective de cette sorte en divers coins du globe.

Pour sa part, Vatican II pavera la voie à une essentielle et réelle coresponsabilité dans l’annonce de l’Évangile. La conception de l’Église comme Peuple de Dieu nous amène à considérer avec un regard neuf les données du Nouveau Testament concernant « la diversité des ministères » où se voit l’œuvre du « même Esprit » (1 Cor, 12, 4-5).

Le Peuple de Dieu tout entier est apostolique, c’est-à-dire qu’il participe et actualise la mission du Christ, notre Seigneur et notre Sauveur. Par notre baptême qui nous incorpore au Christ glorieux, chacune et chacun de nous reçoit cette mission apostolique, élément essentiel du sacerdoce baptismal.

La coresponsabilité ne se limite pas à certains volets spécifiques de la mission de l’Église – des « champs de compétence » pourrait-on dire! – pas plus qu’elle ne s’exerce d’abord par le rôle que remplit telle ou telle personne.

Avec sagesse, Benoit XVI écrit le 10 août 2012 : « La coresponsabilité exige un changement de mentalité touchant, en particulier, le rôle des laïcs dans l’Église qui doivent être considérés non comme des collaborateurs du clergé, mais comme des personnes réellement coresponsables de l’existence et de l’action de l’Église ».

Proposer la foi au Christ ressuscité dans la société actuelle n’est pas optionnel.  C’est même notre tâche la plus urgente! Toute l’Église doit constamment s’efforcer d’aller aux extrémités, jusqu’aux périphéries, particulièrement là où la justice sociale ne s’est pas encore frayé de chemin.

Notre unique motivation doit être l’amour et, par-dessus tout un amour pour le Christ qui s’approfondit sans cesse dans la relation avec Lui. Dans cette relation d’amour se développe une affection pour tous les êtres humains, les plus vulnérables en particulier, et le désir qu’ils puissent trouver le sens ultime de leur vie qui est le Christ.

Dans l’histoire de notre diocèse, nous avons à ce propos la chance d’avoir un témoin signifiant et reconnu par l’Église : Mgr Louis-Zéphirin Moreau, béatifié par le pape Jean-Paul II en 1987 et qui mérite d’être mieux connu ici et ailleurs.

Dans une Église en marche et un monde en changement, notre enracinement dans le Cœur de Dieu, le mystère pascal et la Parole de Dieu va nous permettre de nous adapter et d’améliorer notre façon de faire Église et d’être disciples-missionnaires, ENSEMBLE.

N’ayons pas peur d’innover! Nos actuelles façons de faire et nos « recettes éprouvées »  ne sont pas immuables. Notre joie et notre bonheur contagieux, nos cœurs tout brûlants, sont gages de progrès dans la cause qui nous rassemble : l’avènement du Royaume.

Le Seigneur nous appelle à vivre la mission en communion avec le reste de son Corps. Nous qui appartenons au Corps du Christ, nous recevons la puissance de l’Esprit pour exercer nos responsabilités en coopération.

Comme l’écrit le pape François : « L’Esprit Saint infuse la force pour annoncer la nouveauté de l’Évangile avec audace (parrhèsia), à voix haute, en tout temps et en tout lieu, même à contre-courant… Jésus veut des évangélisateurs qui annoncent la Bonne Nouvelle non seulement avec des paroles, mais surtout avec leur vie transfigurée par la présence de Dieu » (Evangelii Gaudium, 25).

Bon été enraciné dans l’immense tendresse de Dieu!

✠ Christian Rodembourg, m.s.a.
Évêque de Saint-Hyacinthe

 

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